Mon cher Hennique,
J’ai le très vif chagrin de remettre entre tes mains, ma démission de membre de la Société Littéraire des Goncourt. Crois qu’il m’est pénible de me séparer de vous, et de résigner un honneur que je tenais de notre cher Goncourt, et dont j’étais très fier. Crois aussi que si je quitte des collègues, j’entends bien garder des amis qui furent tous d’excellents et charmants amis. Mais j’estime que je n’ai plus le droit de rester parmi vous. Je fais appel à ta conscience. Tu t’étais formellement engagé vis-à-vis de moi, à voter pour Jules Renard, au cas où Jules Renard obtiendrait 4 voix. Il les obtient. Tu dis : « Eh bien, je me dévoue ; je vote pour Jules Renard. » Tu n’as pas par la suite, écrit ton vote, c’est vrai. Mais il me suffit que je tu l’ai parlé, pour que je considère que Jules Renard, à un moment, a été véritablement notre élu, qu’il est véritablement notre élu. En présence de nouvelles élections, je ne puis donc que me retirer. Je te prie, mon cher Hennique, de porter ma résolution à la connaissance de nos amis. Dis leur bien que je suis sans la moindre amertume, contre quiconque et que j’ai gros cœur.
Octave Mirbeau
Archives de l'Académie Goncourt. Nancy
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