mercredi 27 avril 2016

Journal du 27 avril 1900

Borneau travaille douze heures par jour et ne gagne pas cent sous. Son fils qui l'aide en gagne cinquante-cinq, mais n'a aucun goût au métier.  Sa fille, Lucie, n'a aucun goût au ménage, ce qui le désole. Pierre, son plus petit, qui est enfant de chœur et se se saoule déjà au point de se jeter, avec ses burettes, dans la soutane de M. le curé, veut être valet de chambre.
Borneau voudrait avoir une bicyclette pour aller à son travail et en revenir, mais c'est trop cher. Il ira à l'exposition à Paris, où il a deux sœurs. Il couchera chez elles, sur une paillasse, et il se promènera, toute la journée, avec un jambon sur l'épaule au bout d'un bâton. Encore un voyage qui va bien lui couter cinquante francs! Diable le pète, c'est vrai.
Il parle surtout à Philippe, et ils causent tous deux comme si je n'étais pas là. Quand il s'en va, comme il ne sait si je vais lui tendre la main, il me tourne tout de suite le dos, et je tends la main à son derrière.
Il ne lit  le Petit Parisien qu’en hiver, aux veillées. En été, il n'a pas le temps. Il travaille et il dort.

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