BLOG AMOUREUX DE JULES RENARD

vendredi 13 décembre 2013

Le groupe de Nevers 3/3

Au pays de Jules Renard (extrait)
Je suis allé au pays de l'homme qui a écrit: "Je ne pense qu'à mon petit village et toutes mes racines sont là-bas." Où est-il ce petit village? Dans le Nivernais, aux confins de ce Morvan au sol de granit, d'où Vauban partit modeler la frontière française. [...] Il a été maire de Chitry; ses parents y habitaient; il dort au cimetière; il y a sa statue. [...]
Le Château n'était pas pour lui un motif d'architecture, mais d'exécration. Il ne le regardait pas, il le guettait. Il nourrissait contre lui une haine du même genre que celle d'Eugène le Roy, dans Jacquou le Croquant. Cependant, au fond de lui, en veilleuse, tremblait une faible lueur de respect dans la manière paysanne. Il raconte qu'entendant venir derrière lui la voiture de" M. le Comte", il mit précipitamment dans sa poche un numéro de l'Humanité qu'il lisait, et, en évidence, le journal bien pensant. Le mieux, c'est qu'il l'avoue, et c'est à son honneur.
Je tiens d'un châtelain des environs cette anecdote, qui n'est pas dans son Journal. Cet excellent homme étant allé le voir à la Gloriette, l'invita gentiment à lui rendre visite. Mme Jules Renard, qui était l'affabilité même, répondit sans hésiter: "Avec le plus grand plaisir." Mais son mari, s'interposant: "Pardon! C'est moi qui décide les déplacements dans cette maison. Et moi, je n'ai pas d'auto." Il eût fallu si peu de chose pour éviter le malentendu!
(Le groupe de Nevers 1960, Léandre Vaillat, Au pays de Jules Renard, p. 37 et 38.)
(Léandre Vaillat (1878-1952), écrivain, critique d'art, urbaniste).

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