BLOG AMOUREUX DE JULES RENARD

lundi 5 août 2013

Journal du 5 août 1899

Monsieur le curé est venu me voir. Je me suis dit: "Il ne va toujours pas me manger!" Maigre, vouté, minable. Un accent de terroir. On sent tout de suite l'ennemi borné. Il accorde qu'on puisse avoir des qualités sans aller à la messe, qu'on peut être entre Dieu et le diable, mais tout de suite:
- L'épreuve ramène à Dieu. On en est quitte pour prier pour les égarés. Rien n'empêche de les voir.
Il parle de sa conscience comme d'un rond de cuir où il serait solidement assis. Je voudrais lui tendre la main, mais j'y sens du plomb. Il vient me voir parce qu'un curé doit voir tout le monde, et il me fait l'éloge de ma mère: il tombe bien!
Un front étroit, comme martelé sur l'enclume de la foi.
Il trouve que les paysans ne travaillent pas.
- Ils n'en sont pas plus heureux, dis-je.
Sa soutane, luisante, ressemble un peu à une peau de serpent par endroits trop large.

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