samedi 16 mars 2013

Jules Renard vu par sa nièce 2/2

Suite d'hier.
À un de nos séjours dans la Nièvre, à Corbigny près de Chitry, où habitait Jules Renard, mon mari a interrogé devant moi un des amis d'enfance de mon oncle, M. X...Celui-ci a répondu qu'il ne s'était jamais aperçu que mon oncle Jules fut moins bien traité que son frère. D'ailleurs, on ne l'a jamais appelé "Poil de Carotte", c'est ma mère qui me l'a affirmé.
Il est exact qu'il n'était pas le préféré de sa mère, mais ainsi que vous le dites, c'était un "écorché" dont les griefs ont produit une amertume qui a alimenté une partie de ses œuvres. Il a été élevé à Nevers dans la même pension que son frère et que le docteur X..., qui vit toujours à Paris.
Mon grand-père l'a entretenu à Paris pour ses études beaucoup plus longtemps que son frère.  Ce dernier n'était pas arrogant, mais, au contraire, doux et gentil: il nous a laissé le meilleur souvenir. J'ai bien connu ma grand-mère, qui ne mérite certainement pas les qualificatifs péjoratifs qu'on lui applique. J'avais dix-huit ans quand elle morte, et j'étais à ce moment dans sa maison de Chitry. Je peux vous assurer que son fils, qui s'y trouvait également, était très impressionné par cet accident. Le grand drame de cette famille a été la mésentente. 
Je crois que mon oncle se faisait paraître plus mauvais qu’il ne l'était. La dernière année avant sa mort, j'ai eu l'occasion de parler longuement avec lui seul, et je l'ai jugé bien meilleur.
Je tenais à vous donner ces précisions pour éviter des appréciations injustes.
(Mme Capponi, Le Monde, 13-14 juin 1954.)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

En publiant un commentaire sur JulesRenard.fr, vous vous engagez à rester courtois. Tout le monde peut commenter (Les commentaires sont publiés après modération).