BLOG AMOUREUX DE JULES RENARD

vendredi 15 mars 2013

Jules Renard vu par sa nièce 1/2

À la suite de sa Vie littéraire consacrée à la Correspondance de Jules Renard, notre collaborateur et ami Émile Henriot a reçu de la nièce de l'auteur de Poil de Carotte, Mme Capponi, le lettre suivante:
Monsieur,
J'ai lu dans le Monde du 21 avril votre article sur la correspondance de Jules Renard. Mon attention a été particulièrement sollicitée par l'intérêt habituel de vos chroniques, mais aussi parce que le sujet me touche de près. Je suis en effet la nièce de Jules Renard (la fille de sa sœur); ma sœur et moi-même sommes les seules personnes vivantes de sa famille qui l'ont connu, ainsi que son père et sa mère.
Il y a une sorte de légende affreuse qui s'est formée sur Jules Renard, l'enfant martyr et sur sa mère. On a transformé en histoire vécue ce qui était une exagération de la réalité. Cette transformation est évidemment le fait du littérateur, qui raconte non pas l'Histoire mais une simple histoire. Voici d'ailleurs ce qu'il écrivait à mes parents (sa sœur et son beau-frère) dans une lettre inédite du 2 novembre 1890:
" Un détail: mettez-vous bien, dans vos chères boules, une fois pour toutes,  que je ne fais jamais de personnalités dans ce que je pense écrire. Si sous chaque mot vous vous ingéniez à trouver quelque épigramme, vous ne tarderez pas à devenir des ennemis mortels. Non, je ne fais pas d'allusions à votre bourgeoisisme. Je prend mes mots où je les trouve et je les dénature comme il me plait. J'ai dûment prévenu Marinette, je vous préviens à votre tour. Si je suis bon mari, bon frère et même bon beau-frère, tenez-moi quitte du reste. Le littérateur ne vous regarde pas. 
Si je le prends un peu de haut, c'est que je sais combien un coup de plume peut faire de mal quand on l’interprète tortueusement. C'est entendu, n'est-ce pas, vous avez bien saisi et nous ne reviendrons pas là-dessus. Je me f... un peu de moraliser mes semblables et ne tiens à faire que de la pure littérature. Voilà. Embrassades multiples.
Suite demain. 
(Mme Capponi, Le Monde, 13-14 juin 1954.)

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