Dans la narration de cette aventure persistait un arrière-goût d'amertume qui nous révélait clairement que le conteur appréciait peu le sens des valeurs, le jugement littéraire des sous-officiers de Bourges.
Notre rupture? La cause, je vous l'ai dit, elle fut toute politique. je n'ai jamais aimé Jaurès. Une certaine éloquence m'a toujours déplu. Je déteste au surplus tous les excès et ma politique est une politique de brave homme, de juste milieu, comme mes vers...
Un jour donc, dans L’Écho de Paris, je fis un petit papier sans tendresse sur Jaurès. De Chaumot dont il était le maire et où il résidait alors, Jules Renard m'adressa un blâme circonstancié. Il écrivait toujours longuement. Il terminait en me déclarant qu'il était inutile de répondre à cette lettre. je pris alors un crayon et griffonnai en travers de la fulminante épitre: "Une lettre à laquelle je n'ai pas le droit de répondre est une lettre que je n'ai pas reçue."
Plus tard, lors de la représentation de la Bigote, je fis, dans la Vie parisienne dont j'étais critique dramatique, un feuilleton assez sévère. Se jugeant offensé, Jules Renard m'envoya ses témoins qui eurent avec les miens le bon goût d'arranger cette affaire ridicule. Il m'eût été fort pénible de me rencontrer sur le terrain avec un écrivain pour la conscience littéraire duquel j'avais tant de respect.
Nos vies demeurèrent séparées et je n'en souffris pas trop. Renard était autoritaire et j'ai toujours supporté difficilement les contraintes extérieures.
Fin.
(Franc-Nohain, les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 10 janvier 1925.)
Un jour donc, dans L’Écho de Paris, je fis un petit papier sans tendresse sur Jaurès. De Chaumot dont il était le maire et où il résidait alors, Jules Renard m'adressa un blâme circonstancié. Il écrivait toujours longuement. Il terminait en me déclarant qu'il était inutile de répondre à cette lettre. je pris alors un crayon et griffonnai en travers de la fulminante épitre: "Une lettre à laquelle je n'ai pas le droit de répondre est une lettre que je n'ai pas reçue."
Plus tard, lors de la représentation de la Bigote, je fis, dans la Vie parisienne dont j'étais critique dramatique, un feuilleton assez sévère. Se jugeant offensé, Jules Renard m'envoya ses témoins qui eurent avec les miens le bon goût d'arranger cette affaire ridicule. Il m'eût été fort pénible de me rencontrer sur le terrain avec un écrivain pour la conscience littéraire duquel j'avais tant de respect.
Nos vies demeurèrent séparées et je n'en souffris pas trop. Renard était autoritaire et j'ai toujours supporté difficilement les contraintes extérieures.
Fin.
(Franc-Nohain, les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 10 janvier 1925.)
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