Henry Becque et Jules Renard ou la comédie vingt siècles après J.-C.
Conférence de M. René Benjamin (extrait)
Suite d'hier.
Oui, cette enfance avait été terrible, et elle fait bien comprendre qu'il se soit recroquevillé, qu'il ait été un guetteur à l'affût, qu'il ait fait de la littérature d’encoignure. Mais ce qu'il y a de beau, c'est qu'après être devenu amer parce qu'il avait été dans la vie Poil de Carotte, il a cessé un instant de l'être en écrivant le même Poil de Carotte. C'est qu'il retrouvait la vie vraie, qui l'avait atteint jusqu'aux entrailles; en sorte qu'avant même de songer à faire de l'amertume tout naturellement, il était un homme.
Pourtant, il n'a pas échappé tout à fait, en peignant son enfance, à ce que j’appellerai son petit renardien. Il était né à Chitry-les-Mines, ce n'était pas pour rien! il ne sortait pas du salon de Mme Chavigny!
Il y a donc une première scène de confession assez longue entre Poil de Carotte, avec ses bourraquins sur le front, comme dit M. Lepic, et Annette, une servante qui vient s'engager. Là il y a une délicieuse pudeur de la part de Poil de Carotte, par conséquent de la part de Renard...
Suit un long extrait de Poil de Carotte.
Messieurs, là, Jules Renard a souffert, et il a comme crié. il n'était plus amer; il a fait un chef-d’œuvre.
Suite demain.
(René Benjamin, Conférencia, n°10, 1er mai 1926.)
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