jeudi 18 octobre 2012

Jules Renard vu par Jules Claretie 3/4

C'est enfin - admirable profil de paysan de France - le laboureur Jean Morin, qui sa journée finie, la vache rentrée à l'étable, allume sa lampe et (mieux que la chèvre errante) lit, - oui, chose incroyable, lit Lamartine, lit Hugo, et à son tour, rimaille et exprime sa pensée en des vers naïfs qui en valent bien d'autres. "Il reste de la terre à ses doigts qui tiennent le porte-plume." Certes, mais cette âme de paysan a son idéal, et Jules Renard en est touché.
"Si tu veux labourer droit et profond, pousser allègrement ton sillon jusqu'au bout accroche ta charrue à une étoile!" a dit un poète d'Amérique. Et l'auteur des Mots d'écrit ajoute: " Honneur au paysan Jean Morin! Il vit pauvre de fortune et riche d'idéal. Il accroche sa charrue à une étoile!"
Les autres œuvres de Jules Renard sont célèbres. Je signale celle-ci à ceux qui ne connaissent point les Cahiers nivernais. Ces pages sont des modèles de polémique supérieure.
(Jules Claretie, La vie à Paris, G. Charpentier, 1911)

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