BLOG AMOUREUX DE JULES RENARD

lundi 10 septembre 2012

Jules Renard vu par Victor Méric 6/6

Suite d'hier.
Veux-on quelques-unes de ces perles que le maître miniaturiste a jetées à profusion:
L'alouette. - Elle retombe, ivre-morte, de s'être encore fourrée dans l’œil du soleil.
Le hanneton. - Plus lourd que l'air, à peine dirigeable, têtu et ronchonnant, il arrive tout de même au but, avec ses ailes de chocolat.
La chèvre. - Personne ne lit la feuille du Journal officiel affiché au mur de la mairie.
Si, la chèvre.
Elle se dresse sur ses pattes de derrière, appuie celles de devant au bas de l'affiche, remue ses cornes et sa barbe, et agite la tête de droite et de gauche, comme une vieille dame qui lit.
Sa lecture finie, ce papier sentant bon la colle fraiche, la chèvre le mange.
Tout ne se perd pas dans la commune.
Le cafard. - Noir et collé comme un trou de serrure.
Les coquelicots. - Ils éclatent dans le blé, comme une armée de petits soldats; mais d'un bien plus beau rouge, ils sont inoffensifs.
Leur épée, c'est un épi.
C'est le vent qui les fait courir, et chaque coquelicot s'attarde, quand il veut, au bord du sillon, avec le bluet, sa payse.
Fin
(Flag, alias Victor Méric, Les Hommes du jour, n° 63, 3 avril 1909)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

En publiant un commentaire sur JulesRenard.fr, vous vous engagez à rester courtois. Tout le monde peut commenter (Les commentaires sont publiés après modération).