BLOG AMOUREUX DE JULES RENARD

lundi 11 juin 2012

L'homme ligoté

Suite du blog du 9 mai
Il y avait chez Renard quelque chose de noueux et de solitaire qui l'apparentait au père Bulot: une véritable misanthropie de villageois. Médecin de campagne, juge de paix, maire d'une commune paysanne, il se fût parfaitement adapté à ses fonctions; peut-être eût-il été heureux. Mais ce taciturne avait le goût d'écrire; il est venu faire l'original à Paris, il recherchait la compagnie pour y montrer sa solitude, on redoutait son silence revendiquant dans les milieux qu'il fréquentait; il est venu se taire par écrit.
Il a voulu briller par des ouvrages qui fussent, au milieu des livres diserts de l'époque, comme il était lui-même au milieu des bavards de salon. Ce désir l'eût conduit aujourd'hui à rechercher une formule d'auto-destruction du langage. Cette idée n'avait pas cours en son temps.
 Á suivre
(Jean-Paul Sartre, Situations I, Gallimard, 1947)

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