16 rue Dupont-des-Loges (7e) 20 février 1977
Monsieur,
Le beau livre sur Jules Renard que vous avez eu l'amabilité de m'envoyer m'a passionné.
Je connaissais, au fond, bien mal l'homme dont j'ai l'honneur d'être le lointain successeur à la mairie de Chitry. L'incompréhension totale entre lui et mes grands-parents, et pas plus d'un côté que de l'autre on n'aurait imaginé faire un geste de rapprochement. Aussi, dans mon enfance, n'ai-je guère entendu parler de lui.
J'admire l'impartialité du jugement que vous portez sur lui. Après vous avoir lu, l'explication de son caractère, à la fois antipathique et attachant, apparait toute simple: blessé par la dureté de sa mère, il prend en haine tout ce à quoi elle attache de l'importance. (Et je vous sais gré de n'avoir fait, malgré la mode actuelle, qu'une allusion passagère à Freud sur ce point).
Sur sa vie conjugale irréprochable vous avez une phrase parfaitement juste, mais, au fond, accablante: il lui aura manqué d'aimer de cet amour merveilleux.
Et vous le ramenez à ce qu'il était uniquement: un homme de lettres à l'état pur, pour qui le talent et, surtout, les succès littéraires étaient les seules chose qui puissent compter.
En vous redisant combien nous avons pris plaisir à vous lire, je veux vous dire combien ma femme et moi serions heureux de vous accueillir, moins brièvement que la première fois, si une occasion vous ramène, ainsi que Madame Toesca à Chitry.
B. de Nadaillac
(Fond Maurice Toesca, IMEC)
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