Depuis le mois de décembre 1912, Édouard de Rougemont publiait des portraits graphologiques dans le Mercure de France. En décembre 1913, il fit le portrait de Jules Renard.
Suite.
Il a un caractère d'une grande loyauté, une sensibilité morale très vive, il est demeuré spontané, sincère, vif et généreux, s'efforçant au cours de la vie d'atteindre, par le naturel développement de son être, une harmonie toujours plus complète de ses facultés. Néanmoins, la maladie ou les soucis de l'existence l'ont parfois incité à un exclusivisme mitigé de tendances autoritaires, d'ailleurs vaines, susceptibles seulement d'influencer les faibles ou ceux qu'une hiérarchie aurait mis sous ses ordres. Sa volonté est en effet très faible et capricieuse, subissant les contrecoups d'une sensibilité trop vive. Heureusement les idées se succèdent rapidement et une curiosité intellectuelle très alerte le pousse à agir. Il en est ainsi souvent d'ailleurs chez les hommes supérieurs par l'intelligence; l'activité cérébrale remplace chez eux la capacité volontaire. L'intelligence de Jules Renard est remarquablement lucide, logique, extrêmement fine et minutieuse. Il a l'esprit très attentif, soigneux, bien ordonné, prudent et réfléchi. Il est cultivé, chercheur et sait trouver dans ses lectures ce qui peut contribuer à enrichir sa personnalité. C'est une nature intéressante, vivement sympathique, dont la santé délicate semble avoir contrarié l'épanouissement; il n'a pas de vues étendues ou profondes, mais des aperçus minutieux et d'une grande fraîcheur de sensations et de sentiments.
Fin.
(Mercure de France, 1er novembre 1913).
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