Depuis le mois de décembre 1912, Édouard de Rougemont publiait des portraits graphologiques dans le Mercure de France. En décembre 1913, il fit le portrait de Jules Renard.
Suite.Il appartient à cette catégorie de poètes qui chantent par besoin, par suite de l'excès de vibrations de leur âme, et qui disent leurs émotions sans autre désir que de mieux vivre à l'unisson des êtres. D'autres sont d'impénitents vaniteux qui se drapent dans leur souffrance.
Il en est enfin, et ce sont les plus hauts, qui sont réellement torturés par un démon tyrannique et dont la vocation est de faire triompher, au milieu des avanies, des humiliations, un idéal nouveau.
Jules Renard n'a pas la puissance ni l'étendue de vision qui permet d'atteindre ces hauteurs. Il chante dans la nature sa modeste chanson, doutant parfois s'il n'est pas vain de la dire, et poursuivant tout de même parce que c'est pour lui tout à fait naturel.
II a peut-être eu des ennemis, on en a quoi qu'on fasse, et si noble soit-on, mais s'il a très vivement ressentI les blessures de leur hostilité, il ne s'est pas soucié d'en tirer vengeance. En tous cas il n'en méritait pas, et rien dans sa personnalité ne pouvait inciter à la malveillance. Il a d'ailleurs conservé une parfaite confiance et une franchise absolue.
Suite demain.
(Mercure de France, 1er novembre 1913).
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