lundi 19 mars 2012

Journal du 19 mars 1902

Le Plaisir de rompre. Première représentation devant les abonnés. J'en vois un typique. Il a le cou maigre et flasque et le col trop grand, ce qui lui donne l'air "outrageusement décolleté". Il cause avec Sorel et Mayer et leur dit qu'il est heureux d'entendre cette petite piécette, qu'il espère que ce sera moins dur que les Burgraves. Oh! les Burgraves!
À côté d'elle Marinette a un vieux monsieur et une jeune femme qui écoute bouche bée: elle recevra peut-être des claques du vieux monsieur, qui est horripilé. Des mots le suffoquent. Il déchire le programme, le jette, le ramasse pour voir le titre de la pièce. Le nom de Jules Renard l'achève: qu'est-ce que c'est que tout ça?
Une réflexion: "Tiens? Elle va ouvrir sa porte elle-même!" 
Une autre, quand Mayer dit: "Je m'emplis les yeux...": "Il n'est pas difficile!" "À son âge, on n'a plus de petit nom." Tous les abonnés font: "Oh! Oh! Avec ça!.."
Certes, il y a tirage, mais la pièce intéresse même ceux qu'elle révolte. On ne se mouche, on ne tousse pas trop, et les belles dames ne songent pas trop vite à leurs cochers.
Mais Marinette ne croit plus à la Comédie-Française.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

En publiant un commentaire sur JulesRenard.fr, vous vous engagez à rester courtois. Tout le monde peut commenter (Les commentaires sont publiés après modération).